(BFM Bourse) - Selon une étude du cabinet EY, le nombre de retraits de la cote a accéléré à 36 en 2024 quand seulement quatre introductions en Bourse sont venues renforcer la place parisienne, soit deux de moins qu'en 2023. Petite consolation: les montants levés lors des introductions en Bourse ont été beaucoup plus importants.
C'est, malheureusement, une tendance qui semble s'installer dans la durée. En 2024, le nombre de soldats dans les rangs de la Bourse de Paris a encore reculé. Cette attrition de la cote parisienne s'est même accélérée l'an passé. Selon la 16e édition de l'Observatoire des offres publiques du cabinet EY, quatre entreprises (en excluant les scissions, au nombre de deux l'an passé) se sont introduites à la Bourse de Paris.
Bien trop peu, donc, pour compenser les 36 retraits de la cote (en totalisant ceux liés aux offres de retraits, aux radiations volontaires et ceux dues à des liquidations judiciaires). Il faut remonter à l'année 2021 pour avoir une trace d'un flux net positif (+5), les nombreuses opérations d'entrées en Bourse (33) jouaient alors les amortisseurs et venaient compenser les 28 départs de la cote parisienne.
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Seulement deux introductions sur le marché réglementé
La Bourse de Paris a, donc, enregistré quatre nouvelles introductions en Bourse (avec appel public à l'épargne) en 2024, le cabinet ne comptabilisant pas les introductions en Bourse via les scissions. Rappelons que deux scissions ont eu lieu l'an passé: Pluxee avec Sodexo, et Louis Hachette Group avec Vivendi.
Ces quatre introductions en Bourse avec appel public à l'épargne traduisent une baisse de deux unités par rapport à 2023, poursuivant la tendance des années précédentes (33 en 2021, 11 en 2022 et 6 en 2023), rappelle le cabinet.
Les introductions ont été réalisées à parité sur Euronext et Euronext Growth, alors qu’en 2023, elles s’étaient limitées à Euronext Growth. Rappelons que seules deux entreprises non issues d'une scission ont tenté leur chance à la Bourse de Paris (hors Euronext Growth, donc) en 2024. L'éditeur de logiciels pour la gestion de projets Planisware est arrivé en avril, suivi de l'arrivée de la pépite de la défense Exosens en juin.
Coté scissions une seule a eu lieu sur Euronext Paris. Sodexo avait inauguré les introductions en Bourse de l'année 2024 en pilotant avec succès début février, la mise en Bourse de Pluxee, sa division de titres restaurants.
L'attrait grandissant pour Euronext Growth
Du côté d'Euronext Growth, le compteur s'est débloqué à partir du mois de novembre, avec l'entrée en Bourse de Lighton, un spécialiste de l'intelligence artificielle générative pour les entreprises , suivie de celle d'Odyssée Technologies en décembre.
Ces deux sociétés ont été rejointes par Louis Hachette Group - issue de la scission de Vivendi - qui a aussi fait aussi ses premiers pas sur Euronext Growth en décembre.
Le nombre d'entrées en Bourse à Paris aurait pu être bien plus important en 2024 si Renault et Sanofi n'avaient pas renoncé à coter Ampere et Opella, leurs filiales respectives dans l’automobile électrique, et la santé grand public. Pour cette dernière, Sanofi a privilégié la cession hors Bourse d'Opella au fonds américain au fonds américain CD&R. La Bourse de Paris a ainsi été privée de deux opérations d'envergure en 2024.
Au total, les entrées en Bourse de 2024 ont permis de lever 680,1 millions d'euros sur Euronext et 19,9 millions d'euros sur Euronext Growth, soit un total de 700 millions d'euros. Une performance honorable dans un contexte de marché peu engageant, attribué à l’instabilité politique en France. Les montants levés l'an passé, dépassent très largement ceux de 2023. Seulement 62 millions d'euros avaient été levés cette année là et uniquement sur Euronext Growth.
Comme en 2023, le cabinet note par ailleurs un attrait grandissant des sociétés cotées ayant un niveau de capitalisation boursière modéré pour Euronext Growth, un compartiment aux contraintes allégées par rapport aux marchés règlementés. En 2024, le cabinet a recensé 4 transferts dont 3 d’Euronext vers Euronext Growth et 1 d’Euronext Access vers Euronext Growth. Dans ce dernier cas, la société Vaziva, spécialisée aussi dans les avantages aux salariés, a souhaité mettre un terme à son aventure sur Euronext Access, - le compartiment le moins contraignant de la galaxie Euronext - pour monter à l'échelon supérieur en mars 2024, plus d'un an et demi après sa cotation sur Euronext Access le 9 août 2022.
Du côté des offres publiques, EY a recensé 36 offres déclarées conformes par l'Autorité des marchés financiers sur des sociétés cotées à la Bourse de Paris, en 2024. C'est 50% de plus que les 23 offres publiques décomptées en 2023, une année qui constituait un point bas depuis 2018 (22), en raison de la remontée des taux d’intérêt et du contexte d'incertitudes économiques et géopolitiques.
C'est aussi 4 de plus par rapport à la moyenne annuelle de 32 opérations sur les 10 dernières années. "Malgré une conjoncture économique et géopolitique instable combinée à des taux d'intérêt élevés, une reprise significative des offres publiques a été enregistrée sur l’année 2024", signale l'Observatoire des offres publiques d'EY.
Un rebond notable
Pour faire son décompte, le cabinet se base sur le nombre d'offres ayant reçu l'aval de l'Autorité des marchés financiers (AMF) dans cette étude, qui en est à sa 16e édition annuelle*.
Ainsi 31 opération ont été déclarées conformes par l'AMF et finalisées l'an passé tandis que cinq ont été validées mais pas encore finalisées en 2024 (dont l'offre publique de rachats d'action sur OVH Groupe).
Ces données sont finalement très proches de celles du baromètre sur les offres publiques établi par la banque d'investissement Alantra (avec une méthodologie légèrement différente) et publié la semaine dernière.
La répartition mensuelle des offres montre une accélération au dernier trimestre, relève EY. Ainsi, 19% des visas ont été attribués durant le premier trimestre ; 17% durant le deuxième trimestre, 22% durant le troisième trimestre et 42% des visas l'ont été sur les trois derniers mois de 2024.
Des opérations de petite taille
La valeur totale des actions acquises au cours de 2024 s'est élevée à 1,5 milliard d'euros, "marquant une nette diminution par rapport aux années précédentes et à la moyenne historique (10,4 milliards d'euros), note EY. Le montant des opérations finalisées en 2024 a été divisé par dix d'une année sur l'autre. Le décompte de l'année 2023 (9,5 milliards d'euros) incluait l'offre de l'État sur les actions EDF d'un montant de 6,5 milliards d’euros (en excluant les rachats d'Oceane, des obligations hybrides).
Les opérations de l'année 2024 ont, donc, été de taille très réduite, avec un montant moyen par opération s’établissant à 46 millions d’euros contre 114 millions d’euros en 2023.
Les deux opérations les plus significatives de l'année ont été l'Offre publique d'achat simplifiée (OPAS) assortie d'un retrait obligatoire menée par un concert d'actionnaires visant l'entreprise de services numériques SII pour un montant de 295 millions d'euros, et l'OPAS sur Believe, spécialiste de la distribution musicale, pour un montant de 294 millions d'euros
Le cabinet rappelle aussi que le classement 2022 était largement dominé par les opérations de CNP Assurances et Albioma pour lesquelles le montant d'acquisition s’élevait respectivement à 1,9 milliard et 1,5 milliard d’euros.
Les initiateurs des offres ont été moins généreux avec les actionnaires des entreprises qu'en 2023. La prime médiane (hors extrêmes) offerte aux détenteurs d’actions a été en effet de 22,8% par rapport au dernier cours de Bourse avant annonce de l’opération, ce qui est bien inférieure celle observée sur les offres publiques de l’année 2023 (42,9%), "une année qui s'était distinguée par des primes particulièrement élevées", rappelle EY.
La prime médiane hors extrêmes par rapport à la valeur intrinsèque des entreprises cibles calculée par les experts indépendants, s’élève à 15,9%, soit un niveau nettement en hausse par rapport à 2023 (9,1%).
L'initiateur de l'offre est généralement l'actionnaire de référence
Dans plus de 6 cas sur 10, soit 23 opérations, l'initiateur de l'offre est l'actionnaire de référence de la société (ou la société elle-même via une OPRA), tandis que 13 opérations (contre 2 en 2023) ont été portées par un tiers.
Les industriels restent majoritairement à la manœuvre, puisque 64% des offres ont été lancées par ces acteurs, un chiffre en nette hausse par rapport à 2021 (30%). EY rappelle également que ces offres publiques viennent d'acteurs français pour la quasi-totalité (94%).
Du point de vue sectoriel, le secteur des technologies (informatique et biotech/medtech) demeure majoritaire à l'instar des années précédentes, puisque les cibles dans ce secteur représentent environ 39% des opérations, contre 35% en 2023, soulignant "l'attrait pour les entreprises innovantes", ajoute l'étude. En seconde position, le secteur industriel a contribué à hauteur de 17% des transactions soit deux fois moins qu'en 2023 (35%). "Ensemble, ces deux secteurs représentent plus de 50 % des opérations réalisées", précise EY.
Au total, 21 sociétés ont fait l’objet d'un retrait de cote à la suite d'une offre publique, dont 2 à la suite d'offres initiées en 2023 (ESI Group et Technicolor).
Les offres publiques aboutissant à un retrait de la cote ont concerné les sociétés suivantes: Altur Investissement, Euro Ressources, Financière de l'Etang de Berre, Galimmo, Groupe Parot, Itesoft, SII, Micropole, MND; M.R.M, NHOA, Orapi, Osmozis, Sqli, Tipiak, Travel Technology, Visiativ et Wedia. Ainsi, un peu plus de 60% - 61% exactement - des offres publiques font l’objet d’un retrait de cote.
En plus, cinq sociétés ont réalisé un retrait de cote volontaire à l'image de l'ex-filiale de Solvay Syensqo qui a renoncé en septembre à sa double cotation à Paris, en plus de Bruxelles. Toujours selon le décompte d'EY, deux sociétés ont fait l'objet d'un retrait réglementaire imposé et enfin 8 ont été liquidées, selon le décompte d'EY.
*Cette étude a été réalisée exclusivement à partir des documents publiés par l’AMF et par les sociétés visées par les opérations. Elle ne prend en compte que les offres déclarées conformes par l’AMF en 2024.
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